Candé lève le voile

Du 3 juin au 30 septembre 2007, le château de Candé à Monts en Touraine présente une exposition intitulée "Le duc et la duchesse de Windsor". Grâce au prêt de collectionneurs privés, les visiteurs vont pouvoir revivre à travers documents d'époques, coupures de presse, objets souvenirs, télégraphes de congratulations, le mariage d'Edward VIII et Wallis Simpson, l'un des couples les plus mythiques et controversés du XXème siècle.

En ce 3 juin 1937, une centaine de journalistes et photographes s'agglutinent aux portes du château de Candé prés de Tours. Un objectif, un seul : immortaliser le mariage du siècle.

Le roi Edward VIII, duc de Windsor, épouse la roturière Wallis Simpson.

La mariée a choisi une robe en crêpe de soie bleu saphir, un chapeau en paille bleue avec une auréole parée de plumes de coq, des chaussures en suédine bleu pâle, des gants courts en crêpe bleu. Le marié porte une jaquette noire, un gilet gris clair, un pantalon rayé et un œillet à la boutonnière. Ovationnés par la presse, le couple pose fièrement au balcon de la propriété de leurs amis, les Bedaux, riches industriels tourangeaux. Le duc de Windsor s'adresse aux photographes : "Faîtes nous très heureux car nous le sommes !".

Le salon de musique du château sert de chapelle improvisée. Une commode recouverte d'une nappe brodée fait office d'autel. De hauts bouquets de fleurs blanches encadrent la scène. L'orgue Skinner (classé monument historique en 1993 et dont la restauration qui a duré 2 ans sera inauguré à l'occasion de la date anniversaire du mariage) résonne de la "Marche nuptiale" de Judas Macchabée.

Seize invités, amis fidèles, ont assisté au mariage, mais pas un membre de la famille royal d'Angleterre. Car quelques mois après son couronnement, le 10 décembre 1936, le roi Edward VIII a abdiqué au profit de son frère George VI. Pourtant adulé par son peuple, le "charming prince" renonce au trône pour les beaux yeux de Wallis.

Elle est américaine, âgée d'une quarantaine d'années, deux fois divorcée, rejetée par l'église anglicane et l'établishement britannique.

De style néo-gothique, le château de Candé, qui a été décoré dans le goût des années trente par l'architecte blaisois Henri Lafargue, garde encore les traces du royal passage.

Dans la bibliothèque, à droite de la cheminée monumentale, le visiteur attentif pourra déchiffré les prénoms d'Edward et de Wallis avec la date VI-III-37 gravés sur les panneaux de bois cirés. Dans le parc, on découvre la sépulture du cairn terrier "Slipper" offert par Edward VIII à Wallis peu de temps après leur rencontre. Une stèle rappelle que la pauvre bête est morte d'une piqûre de vipère à son arrivée à Candé. "Les touristes anglais qui visitent les lieux ont encore un peu de mal à accepter l'irréversible choix qui cependant déboucha sur une union heureuse !" confie l'actuel responsable de la propriété Guy Ferari.

Pour cette exposition, le conservateur du patrimoine Julie Pellegrin-Gérard et le journaliste biographe des Windsor Bertrand Meyer-Stabley ont gardé le meilleur de l'histoire.

Ils ont reconstitué à partir de nombreux clichés d'époques et documents d'archives, l'évènement dont on fête cette année à Candé le 70^ème anniversaire.

Ils lèvent le voile sur une collection exceptionnelle d'objets personnels, photos, lettres qui font revivre les moments de l'abdication d'Edward VIII, le cérémonie du mariage et les actualités de juin 1937.

De nombreuses pièces restaurées du dressing des Windsor sont présentées.

Elles sont les témoins du style "Wallis" : robes Dior, Balenciaga, Chanel ; bijoux Cartier ; parures signés Schiaparelli et accessoires de mode : chaussures, chapeaux, sacs à main.

Des objets ayant appartenu au duc sont également exposés : briquets, couvre-chefs, kilts, étui à cigares.

"La collecte de tous ces souvenirs s'est avérée plus compliquée que prévue. La plupart des objets ont été acquis par des collectionneurs américains et ont été très dispersés au moment de la vente aux enchères. Leur exposition est tout à fait exceptionnelle" précisent les responsables de l'exposition.

Cette dispersion dramatique est expliquée en détails dans l'ouvrage du journaliste Bertrand Meyer Stabley "La véritable duchesse de Windsor" aux éditions Pygmalion.

"… Lorsqu'elle meurt en 1986, Wallis Simpson lègue ses biens à l'Institut Pasteur

… Mohammed Al-Fayed se porte acquéreur pour 14 millions de francs de tout le mobilier du duc et de la duchesse et loue à Bagatelle leur propriété avec l'obligation par la mairie de Paris d'en faire un musée. A la mort de maître Suzanne Blum (exécuteur testamentaire) en 1997, Mohammed Al-Fayed décide de se débarrasser des 440 000 souvenirs pour offrir la demeure à Dodi et sa future épouse … La vente doit avoir lieu en septembre … Le 31 août, on dénombre 3 morts dans une Mercedes sous le pont de l'Alma …"

En février 1998, la société célèbre de ventes aux enchères Sotheby's battra des records de vente.

Annie Leloup