L'Orient de Pierre Loti au Musée de Vendôme

2 juillet 2007

L'Orient de Pierre Loti au Musée de Vendôme

Qu'est-ce qui justifie une exposition sur l'écrivain Pierre Loti à Vendôme (41) ?

Officiellement, ce sont les excellentes relations qu'entretiennent les conservateurs du musée de la ville et de la Maison Pierre Loti à Rochefort. Mais en cherchant bien, ce pourrait être la présence en vendômois d'un descendant de la famille du célèbre écrivain ou celle du rédacteur du bulletin de l'association des Amis de Pierre Loti, Yves Nicolas, également proche voisin.

Toujours est-il que Julien Viaud, alias Pierre Loti (1850-1923), grand voyageur et esthète, aurait sans nul doute apprécié cet hommage en pays vendômois, berceau d'un autre grand écrivain et aventurier : Balzac.

L'exposition, qui a lieu du 23 juin au 14 septembre au Musée de Vendôme, a pour objectif de recréer l'atmosphère orientale chère à Loti.

De nombreux objets d'art islamique sont exposés : chaudrons, passoires, assiettes et plats creux, tapis, fusils et sabres, brûle parfums et coupes, mais aussi de rares serviettes de bain en lin brodées de fils de soie et d'or de la Turquie ottomane et quantité de vêtements, burnous et gilets, issus des malles de la Maison Pierre Loti et présentés pour la première fois au public.

Quelques dessins, réalisés à la mine de plomb par l'écrivain, rappellent les voyages lointains de l'officier de marine Julien Viaud : "Vourlach en Asie mineure", "Deux guerriers grecs ou turcs", "Intérieur d'un souk" … Ils côtoient une huile sur toile de Edmond de Pury représentant un portrait inachevé de Pierre Loti portant le costume traditionnel du guerrier arabe (1895), tenue qu'il porta lors d'une fête costumée dans sa maison de Rochefort.

Des tirages d'après des autochromes du photographe, éditeur et grand voyageur Jules Gervais – Courtellemont (1863 – 1931), ami proche de Loti, permettent de visualiser des scènes "exotiques" du début du XXème siècle.

Des tapis et étoffes somptueuses servent d'écrin à plusieurs mises en scènes : "Le thé dans le désert", "Le bain turc", "Autour du narguilé".

Les œuvres de Alfred Dehodencq (1822 – 1882), Eugène Ginain (1818-1886), Paul Lazerges (1845-1902) et Georges Washington (1827-1910) proposent fantasia, marché au Maroc, mendiant et cavaliers arabes.

Une photo de Pierre Loti en habit vert rappelle qu'il fut le plus jeune académicien jamais élu (42 ans), et le premier à être accueilli sous la Coupole en conservant son pseudonyme.

Julien Viaud, né à Rochefort, est le tard venu d'une fratrie de trois enfants. Il rêve de pays lointains et tout jeune aménage un "musée" présentant des objets précieusement collectés.

A 16 ans, il part pour Paris préparé l'Ecole navale et embarque un an plus tard à Brest à bord du "Borda". Initié par sa sœur au dessin, l'officier de marine multiplie les croquis lors de ses voyages qui le conduisent en Amérique du Sud et dans les îles du Pacifique. Le journal "L'Illustration" publie ses textes et ses dessins.

En 1870, les escales du "Jean-Bart" à Smyrne puis à Marmaris sont de nouvelles découvertes pour l'écrivain qui rédigera plus tard le roman "Aziyadé" en souvenir d'une rencontre amoureuse avec une jolie circassienne.

Fasciné par l'Orient, il rapporte de ses voyages en Turquie, au Maroc, en Algérie et en Syrie, des objets décoratifs et utilitaires pour sa maison de Rochefort. Il y reconstituera un salon turc, une mosquée, une chambre arabe, une salle chinoise, …

Ses romans trouvent leurs origines dans son journal intime où il note soigneusement la culture et les sensations éprouvées au contact des habitants des pays visités : "Les trois dames de la Kasbah" (1884), "Pêcheur d'Islande" (1886), "Au Maroc" (1890) et tant d'autres.

La Maison de Pierre Loti à Rochefort (17) est dépaysante et incontournable. Une visite s'impose, l'occasion de prolonger l'exposition "Pierre Loti, l'Orient rêvé" de Vendôme.