Prise de tête (s) chez Christie's

Organisée par la maison d'enchères Christie's, la vente "Saint-Laurent-Bergé", qui a eu lieu récemment sous la nef du Grand Palais à Paris, s'est terminée en apothéose avec un record de ventes jamais égalé : 206 millions d'euros. Seulement voilà, il y a eu un couac !

La Chine n'a pas pu récupérer les deux bronzes chinois qu'elle convoitait, à savoir une tête de rat et une tête de lapin faisant parti de la fontaine zodiacale de l'empereur Qianlong (1736-1795)*, et accuse Christie's d'avoir mis en vente plusieurs fois des objets pillés ou sortis de son pays illégalement. Ce à quoi la maison d'enchères répond que la vente s'inscrit dans le respect de la législation … Et Pierre Bergé "d'enchérir" en proposant de donner à la Chine ces deux bronzes à condition que celle-ci libère le Tibet et accueille le Dalaï-Lama.

La ministre de la culture Christine Albanel a tranché en précisant que la Chine était libre de se porter acquéreur de ces objets.

Les frontières sont perméables. Depuis des siècles, elles n'ont jamais interdit aux œuvres d'art de circuler.

En attendant la suite de l'affaire, gardons le meilleur et notons que Pierre Bergé a fait don à l'état français de la tapisserie de Burne-Jones "L'Adoration des Mages" et du tableau de Goya "Le Portrait de Don Luis Maria de Cistué". Ces œuvres rejoindront respectivement le musée d'Orsay et le Louvre.

Enfin pour un coût total de 13.135.000 euros, les musées français s'enrichissent des œuvres suivantes :

Les Lilas d'Edouard Vuillard – Musée d'Orsay

Au Conservatoire de James Ensor – Musée d'Orsay

II Ritornante de Georgio de Chirico - Centre Pompidou

Un portrait miniature de Louis XIV par Petitot – Musée du Louvre

Une plaque en émail de Limoges du XVIème siècle représentant Paris par Léonard Limosin – Musée national de la Renaissance d'Ecouen

Deux plaques en émail de Limoges du XVIème siècle représentant Arthur et Josué par Martial Ydeux – Musée national de la Renaissance d'Ecouen

* La fontaine réalisée d'après les dessins du Père jésuite Giuseppe Castiglione comprenait un ensemble de douze têtes, celles des animaux du calendrier chinois. Dispersées au fil du temps, plusieurs têtes sont réapparues sur le marché de l'art il y a peu.