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Esprit Val de Loire
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30 novembre 2009

Où l'on reparle de la Marquise de Pompadour et du château de Ménars

Voici présenté par Sotheby's dans son catalogue de vente aux enchères du 10 novembre 2009 "Important french Fourniture and Sculpture" le lot 81. Il s'agit d'une commode "à la grecque" en acajou d'époque Louis XV, estampillée Oeben et JME, probablement commandée par Madame de Pompadour pour son château de Ménars.

Note du catalogue référençant cette commode – source Internet Sotheby's -

" … Jean-François Oeben, ébéniste reçu maître en 1759

Il est intéressant de procéder au rapprochement de cette commode avec celle de l'ancienne collection Karl Lagarfeld vendue chez Christie's à Monaco le 28 avril 2000, lot 78 décrite comme provenant probablement des appartements du château de Ménars, propriété de madame de Pompadour.

pompadour_commode_dL'inventaire après décès de madame de Pompadour (op. cit.) nous apprend qu'elle possédait à Ménars dix-sept commodes "à la grecque" dont douze en acajou estimées entre 180, 200 et 240 livres et destinées à meubler les appartements des invités.

La terminologie "commode à la grecque" a été étudiée par A. Pradère (op. cit.), elle renvoie à un modèle de commode bien précis à ressaut central encadré par des vantaux mis au point par Jean-François Oeben dont la particularité réside dans un système de verrouillage élaboré, à serrure unique, commandant tous les tiroirs et vantaux de la façade. Une description sommaire apparaît en 1763 dans l'inventaire après décès de Jean-François Oeben, qui fut sans conteste l'ébéniste attitré de madame de Pompadour, "Item, deux corps de commode de bois d'acajou massif, (...) garnis chacun de trois tiroirs, dans le milieu deux petites portes sur le côté, prisés ensemble 220 livres".

pompadour_elysee_gParmi les commodes estampillées de Jean-François Oeben pouvant correspondre au modèle de Ménars, deux commodes possèdent une marque incisée en creux sous le marbre, n°10 pour celle de l'ancienne collection Lagarfeld (présentée à l'exposition Madame de Pompadour et les arts en 2002, n° 151) et n° 17 pour notre commode. Le modèle est scrupuleusement identique avec un rang de trois tiroirs en ceinture, deux tiroirs au centre, flanqués de deux vantaux , les dix anneaux de tirage à pastille et la forme originale des sabots en bronze doré. A ces deux commodes, il convient d'associer six autres commodes de ce type (vente Paris, palais Galliera, le 22 novembre 1982, lot 144 ; vente Cheverny, 23 juin 1990, lot 416 ; vente Paris, Me Cornette de Saint-Cyr, le 4 novembre 1995, une paire ; vente Sotheby's Zurich le 10 décembre 1996, lot 448 et une commode reproduite A. Pradère, Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, 1989, p. 260, fig. 275). Elles ont en commun un détail particulier : le profil du plateau en marbre, avec deux moulurations en doucine, un débord médian surmontant une nouvelle double mouluration en retrait. Il est donc tentant d'identifier ces commodes "à la grecque" avec celles en acajou livrées pour le château de Ménars, la répétition identique du modèle et sa présence en grand nombre dans ce château confortant la réelle plausibilité de cette provenance. Par ailleurs la présence de la marque incisée sous le marbre indique que les plateaux coiffaient indistinctement les commodes "à la grecque" en acajou et satiné et que ces numéros n'indiquaient pas une localisation dans le château, par exemple la chambre à coucher de l'appartement 17.
En revanche les différentes variétés de marbre des plateaux, campan mélangé, rouge Languedoc ou brèche d'Alep devaient correspondre à celles utilisées pour la réalisation de la cheminée de la pièce.

pompadour_portrait_dMme de Pompadour acquiert Ménars en juin 1760 et entreprend d'importants travaux de rénovation et d'aménagement résolument "modernes". C'est à cette période qu'elle paye à Jean-François Oeben 17.400 livres "comme acompte sur des meubles à fournir pour ses différentes maisons" et que ce dernier achète "trente-quatre madriers d'acajou (...) par l'ordre et pour le compte de la dite dame marquise de Pompadour pour être employés à faire des meubles pour les différentes maisons de la dite dame" (inv. de Jean-François Oeben, op. cit.). A la mort de la marquise, Ménars et son contenu reviennent à son frère le marquis de Marigny qui poursuivit l'oeuvre commencée. Contrairement à ce qu'il fit pour les autres résidences, il conserva Ménars à peu près intact, probablement en raison du caractère moderne de l'ameublement. "

Le plaisir des yeux, la connaissance et le rêve sont à la portée de tous. Et précisément puisque Noël approche, il est permis de rêver … Rêver à la prochaine vente Sotheby's le 9 décembre à New – York  et ses "Magnificents Jewels".

Légendes photos :

1 – L'inventaire après décès de Madame de Pompadour précise qu'elle possédait 17 commodes "à la grecque" destinées à meubler les chambres des invités.

2 – Le salon Pompadour actuel au Palais de l'Elysée à Paris. L'Elysée et le château de Ménars (visible rive gauche de la Loire à proximité de Blois – 41) sont les uniques témoignages bâtis du règne de la marquise.

3 - François Hubert Drouais (1727 – 1775) La Marquise de Pompadour en manchon, 1763, musée des Beaux – Arts d'Orléans.

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