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Esprit Val de Loire
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6 février 2013

Une chasse à Chanteloup

… Hier nous fûmes à la chasse.

Rien de si beau que ce spectacle.

Nous avions à notre tête  M. de Perceval, capitaine des chasses, qui a été longtemps de celles du roi en qualité de garde du corps. Il avait un petit surtout de taffetas couleur de rose, et un grand cheval qui de temps en temps s'arrêtait et tournait cinq à six fois sur lui-même.

Après venait le lieutenant des chasses, qui avait la voix et la figure d'un petit docteur que j'ai vu à la Comédie Italienne ; un premier piqueur avec son cor autour du col, et qui ressemble à M. Western de Tom Jones ; trois ou quatre autres piqueurs, cinq à six gardes et sept à huit chiens superbes et un plus grand que la petite chienne de la grand-maman.

19_vel10_3173980Nous lançâmes un chevreuil et tuâmes un loup, à peu prés comme les généraux gagnent les batailles, c'est-à-dire que nous entendîmes le coup, que nous courûmes au bruit, que nous vîmes l'ennemi étendu sur le carreau, que nous en eûmes peur, et que nous nous retirâmes en bon ordre.

Dans ce moment la petite sainte qui était restée dans la calèche, avertit qu'elle avait vu passer le chevreuil dans une petite route. Tous les chasseurs s'assemblèrent auprès d'elle. On vérifia le fait. Ce chevreuil était un lièvre.

Le sonneur de cloches d'Amboise qui était là par hasard, dit qu'il avait vu un sanglier s'enfoncer dans un taillis voisin ; nous l'entourâmes, et sans une grosse pluie qui tombait depuis une heure sur nous, nous l'aurions forcé. Je crois pourtant que ce sanglier était un hanneton.

Tout le monde fit des merveilles. La grand-maman, le prince sans pair, et M. de Lauzun couraient avec un courage effroyable quand le chemin était beau. Gatti trottait ses 2 poings appuyés sur sa selle et le corps tout courbé, à cause de sa sciatique.

Après tout ces héros, je n'ose me nommer ; mais j'allais assez bien sur un cheval si petit que mes jambes traînaient par terre et se confondaient avec celles du cheval, excepté qu'elles n'étaient pas si jolies … (extrait de Choix de Lettres du XVIIIe par Gustave Lanson, 1929)

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