Tours : cité de la soie

25 novembre 2006

Un projet de Musée de la Soie est à l'étude à Tours. Il fait suite à la réflexion engagée par les institutions et l'association "Tours, Cité de la Soie", organisatrice du 4^ème colloque "La Soie en Touraine" qui s'est tenu le 24 novembre 2006 au Vinci. Invité d'honneur prestigieux, grand couturier et homme de culture, Hubert de Givenchy a accepté d'accompagner les initiateurs de ce projet.

On l'oublie parfois mais Tours a été pendant plusieurs siècles le premier centre de production de la soie, Lyon étant le premier centre d'importation. En 1470, c'est Louis XI qui œuvre au développement économique de la ville tourangelle. Il va ainsi freiner les importations d'étoffes d'Orient, d'Espagne et d'Italie qui menacent de ruiner la France.

Les châteaux de la Loire sont alors les témoins d'une floraison artistique sans précédent.

Puis au XVIIIème siècle, Louis XV y établit, à ses frais, une "Manufacture de Damas et Velours façon Gênes". Cette situation perdurera jusqu'à la Révolution.

Au début du XIXème siècle, le métier dit Jacquart relance la production soyeuse.

Aujourd'hui, deux manufactures continuent de développer leur spécificité dans le tissage des soieries d'ameublement : Roze et Le Manach.

Antoinette Roze est la présidente de l'association "Tours, Cité de la soie" qui fête cette année ses 20 ans. Elle participe activement à la conservation du patrimoine et des savoir-faire de la soie tourangelle : archivages des matériels et échantillons, restauration des pièces rares, expositions, collections, et récemment fournisseur du tissu des appartements royaux dans le dernier film de Sofia Coppola "Marie-Antoinette".

Olivier Biosse Duplan est l'arrière petit-fils de George Le Manach. La Maison Le Manach fabrique des tissus imprimés très haut de gamme pour, entre autres, les châteaux de Fontainebleau, Compiègne, Vaux le Vicomte, Chambord et Cheverny. Cette ancienne manufacture du XIXème siècle est un lieu envisagé du futur musée des techniques de la soie à Tours.

L'objectif de l'association "Tours, Cité de la Soie" est de faire connaître la soie, mais aussi le tissage, les étoffes et les techniques à un public de plus en plus large. Le colloque 2006 a inauguré le "parrainage" d'un invité de marque : Hubert de Givenchy* : "La soie m'a toujours émerveillée. Elle a une odeur très particulière, assez indéfinissable et recevoir une pièce de soie dans mes ateliers de haute couture est toujours un bonheur incroyable. Et que dire de son toucher, de sa nervosité, de ses "rebondissements". Cette étoffe si noble vous donne confiance et c'est une vraie jouissance de la travailler. Il me semble que la soie à encore un très bel avenir et je me réjouis du projet de ce futur musée qui ancrera l'origine de sa production et maintiendra un savoir-faire prestigieux dans le Val de Loire".

Environ 400 personnes se sont réunies au Vinci pour prendre connaissance des récentes découvertes de Fabien Roland, enseignant chercheur à l'ITECH (Institut Technique et Chimique de Lyon) avec "L'industrie de la teinture, aujourd'hui"; Dominique Cardon, directrice de recherche au CNRS avec "L'utilisation des colorants naturels, aujourd'hui"; Alain Gruber, expert en Arts décoratifs (Suisse) avec "Les couleurs dans les soieries du XVIIIème siècle" et enfin Véronique Moreau, conservatrice au Musée des Beaux-Arts de Tours avec "Les soieries et leur couleur au domaine de Chanteloup".

Les amateurs de belles soieries peuvent actuellement faire le lien avec l'exposition "XVIIIème siècle. Collections révélées du château royal de Blois" au château de Blois jusqu'au 7 avril 2007. Dans ce cadre, est en effet présentée une somptueuse collection de robe et habits brodés (02 54 90 33 33).

Hubert de Givenchy, généreux donateur

Le 5 décembre dernier chez Christie's à Londres, l'un des trois exemplaires du fourreau de soie porté par Audrey Hepburn (ex-ambassadrice de l'UNICEF) dans le film "Diamants sur canapé" et créé en 1961 par Hubert de Givenchy a pulvérisé les enchères avec une adjudication à 607 620 €. Le vendeur Dominique Lapierre à qui Hubert de Givenchy avait offert cette robe, fondateur avec sa femme de La Cité de La Joie à Calcutta, va pouvoir ouvrir une école pour les enfants du Gange.