Les peintures du Grand Siècle à Blois

Dans le cadre du quatre centième anniversaire de la naissance de Gaston d'Orléans*, les "Peintures du Grande Siècle" sont à l'honneur au château de Blois (41). Cette exposition met en lumière prés de 100 œuvres du XVIIème siècle dont une vingtaine sorties exceptionnellement du château et du musée des Beaux-Arts de Blois. L'occasion est unique d'apprécier la restauration d'une dizaine d'entre elles et de se plonger au cœur d'une époque particulièrement riche sur le plan artistique.

L'intérêt de cette exposition réside dans le fait qu'elle présente d'une part un vaste panorama de tableaux de peintres issus d'écoles étrangères et françaises et d'autre part une grande diversité de représentation chère au Grand Siècle. A cette époque, la création picturale est alors régie par des règles extrêmement précises. Elle n'est toujours accessible qu'à un très petit nombre de commanditaires richissimes.

L'exposition s'organise autour de 3 thèmes avec les tableaux destinés aux collectionneurs, puis la grande peinture d'histoire et enfin la peinture dans le décor et le portrait.

L'espace d'introduction donne à voir la "Vierge à l'enfant" de Jean Boucher dit Boucher de Bourges (vers 1640-1650, huile sur bois) directement inspirée du Titien. Face à cette œuvre, voici "La mort de Lucrèce" de Claude Vignon (vers 1640-1650, huile sur toile), scène lyrique traitée en clair obscur représentant le moment où l'héroïne romaine se donne la mort après avoir été outragée par Tarquin Sextus.

Dans la première partie, sont exposés des tableaux de dévotion, notamment "Saint François d'Assise en prière" de Claude François, dit frère Luc (vers 1650); les petits maîtres nordiques avec les scènes de genre comme "Intérieur de taverne" de David III Ryckaert (1638, huile sur bois), témoignage des modes de vie au XVIIème et allégorie des cinq sens, et "Halte de cavaliers en Flandres" de Pieter Gysels (peut-être), suiveur de Jan I Brueghel, dit Brueghel de Velours (1568-1625). Cette composition est une huile sur cuivre à la surface très lisse et uniforme. La peinture sur pierre, qui permet aux artistes de jouer avec les fonds d'ardoise, d'agates et de marbre, apparaît sur le "Cavalier en armure" dit parfois "Portrait de Gaston d'Orléans" (vers 1630-1635), anonyme français, dont le support est un marbre coquillier.

La visite se poursuit par la grande peinture d'histoire avec, notamment, les grandes commandes princières sous Marie de Médicis (épouse du roi Henri IV) qui, rappelons-le, s'échappa d'une façon rocambolesque du château de Blois en 1619. "L'allégorie du Bon Gouvernement", Pierre Paul Rubens (atelier de ou suiveur de, vers 1625 ou 1640), est un langage pictural référence pour toutes une génération de peintres de l'époque.

Le décor et le portrait clôturent l'exposition. Concernant le décor peint, quelques exemples rarissimes témoignent de l'intérêt porté à ce nouveau mode de représentation, élément fondamental de l'aménagement intérieur des demeures aristocratiques et bourgeoises au XVIIème siècle. Les panneaux de lambris peints laissent la place au portrait à travers la présentation d'une galerie de personnages aux traits embellis provenant du château de Saint Germain de Beaupré. Plus loin, on peut également admirer le portrait en pied du jeune "Philippe de France, duc d'Anjou, en costume à l'antique" de Jean Nocret (vers 1650) et le "Portrait de magistrat", seul portrait connu peint par l'académicien Pierre Mosnier, daté de 1679. Parmi toutes ces œuvres, certains tableaux inédits méritent une attention particulière car ils ont été restaurés pour l'occasion. Il s'agit des peintures d'Antonio Zanchi, Johann – Carl Loth, Gaspard van den Hoecke, Cornelis de Vos, Johann Heiss, Jean Mosnier et Frère Luc.

L'exposition s'accompagne d'une publication du premier catalogue scientifique (335 peintures anciennes) du château de Blois (XVIe – XVIIIème siècle) préfacé par l'académicien Pierre Rosenberg. La première partie raisonnée présente une soixantaine d'œuvres éclairées par des notices explicatives et reproduites en pleine page, la seconde partie sommaire regroupant l'intégralité des tableaux de la collection, tous reproduits en couleurs.

Catalogue des peintures du musée de Blois (XVIe – XVIIIème siècle), par Hélène Lebédel-Carbonnel, éd. Gourcuff-Gradenigo, 240 p, 36 €.

En parallèle à l'exposition, de nombreuses activités permettent au jeune public (individuel et groupes) d'appréhender de façon ludique et pédagogique les peintures du Grand Siècle (livret jeux, atelier "Portrait allégorique" à partir de 8 ans).

Proposé au public individuel pendant les vacances scolaires d'hiver et de printemps – durée 1 h 30 – Tarif : 3 € / enfant – Sur inscription au 02 54 90 33 32

Château royal de Blois

Place du château

41 000 Blois

www.chateaudeblois.fr

* Gaston de France

Gaston de France (1608-1660), duc d'Orléans est le troisième fils de d'Henri IV et Marie de Médicis. Titré duc d'Anjou, comme plus proche héritier de la couronne de France, il est bientôt débouté par la naissance du futur Louis XIV. Nommé chef de l'Armée, Gaston de France conquiert une partie du Comté de Flandres. Il participe à la Fronde, puis Mazarin le fait exilé dans son château de Blois où il meurt en 1660. Il est inhumé à la basilique royale de Saint Denis.

Légendes photos

1 – Aile Gaston d'Orléans du château de Blois (c) annie leloup

2 – Hélène Lebédel-Carbonnel, chargée des collections Beaux-Arts du château de Blois présente une oeuvre de Jean Boucher dit de Bourges (1575 – 1633) intitulée "Vierge à l'enfant", 1637 (c) annie leloup

3 – Gaspard van den Hoecke (1585 – 1648) attribué à, Salomon et la reine de Saba, vers 1620 (détail) (c) annie leloup

4 – Livret de visite de l'exposition "Peintures du Grand Siècle" destiné aux enfants avec en page de couverture du livret le jeune Philippe de France, duc d'Anjou, en costume à l'Antique peint par Jean Nocret (1615 - 1672) (c)ville de blois