L'hortensia vendômois

31 mai 2007

Bien pommé et légèrement rosé, "Pompadour" est le préféré de Jacques Nielz.

A la chapelle Saint Jacques à Vendôme, l'horticulteur a choisi d'offrir cet hortensia au regard passionné des jardiniers débutants et confirmés dans le cadre d'une exposition organisée par la direction de l'Environnement et des Espaces verts de la ville jusqu'au vendredi 8 juin 2007.

On l'ignore souvent mais au début du XXème siècle, Vendôme (41) était un des berceaux de la création variétale des hydrangeas. Après Henri Cayeux, directeur des Jardins et Promenades du Havre, et Victor Lemoine, horticulteur à Nancy, c'est le vendômois Emile Mouillère qui, grâce à ses hybridations, obtint quelques unes des plus belles variétés d'hortensias. Aujourd'hui, en Europe et aux USA, on cultive encore ses créations. Parmi celles-ci on peut citer "Madame Emile Mouillère", un hortensia blanc qui demeure la référence dans cette couleur, "Générale Vicomtesse de Vibraye", de couleur rose ou bleu suivant la composition du sol, "Souvenir de Madame Chautard" aux inflorescences de boules mauves et "Beauté vendômoise" aux fleurs fertiles teintées de rose pâle.

Promu chevalier de la Légion d'Honneur en 1930, Emile Mouillère transmet son savoir à son fils Louis Mouillère qui lui succède en 1935.

En 1965, l'horticulteur Jacques Nielz reprend l'entreprise. Passionné par cette plante, il tente avec Christophe Candat, directeur du service de l'environnement et des espaces verts de la ville, de reconstituer la collection d'une centaine d'hortensias issus des travaux de la famille Mouillère.

Vous avez dit "Hortensia" comme le prénom ?

Il semblerait que l'origine du mot Hortensia soit le prénom d'Hortense porté par la très belle et savante amie du naturaliste Commerson, Nicole-Reine Lepaute.

Le médecin Philibert Commerson, ayant participé à l'expédition de Bougainville entre 1766 et 1769, glisse dans son herbier "la rose du Japon".

Peu avant sa mort sur l'Ile Maurice, il nomme cette plante Peautia celestina en hommage à la famille de l'horloger Jean-André Lepaute. S'étant aperçu qu'il avait déjà appelé une fleur Peautia, il change son nom en Hortensia. L'hommage qu'il fait à Nicole-Reine Lepaute est si fort que la jeune femme sera par la suite très souvent nommée Hortense Lepaute comme sur ce portrait légendé conservé à la Bibliothèque Nationale de France. Cette histoire romanesque reste cependant très controversée.

Pour revivre l'épopée des médecins, naturalistes, écrivains partis à la conquête du monde, la botaniste Lucile Allorge du Museum National d'Histoire Naturelle de Paris propose un ouvrage intitulé "La fabuleuse odyssée des plantes". Le bougainvillier, l'hortensia, le girofle… Comment sont-ils parvenus jusqu'à nous ? Au prix de quels sacrifices ? Combien de destins ont-ils bouleversé ?